Je suis souvent inquiet, je ressens du stress, je suis à fleur de peau, je m’énerve pour un rien… L’état de mon Système Nerveux influence mes émotions, mon comportement, mes sensations, mes pensées et ma capacité à faire face au stress. Pour comprendre pourquoi est ce que l’on ressent et réagit de telle manière, il est primordial de comprendre comment le Système Nerveux fonctionne.

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Comment le système nerveux autonome influence notre stress et nos émotions

Notre système nerveux autonome (SNA) relie notre cerveau à notre corps. C’est un réseau complexe qui régule nos fonctions vitales mais aussi nos émotions et nos réactions face au stress. C’est lui qui modifie entre autre, la respiration, le rythme cardiaque, la digestion. Il impacte aussi la sécrétion d’hormones telles que l’adrénaline et le cortisol. Il fonctionne sans contrôle conscient et volontaire. Lorsque le système nerveux fonctionne correctement, il permet une adaptation souple et rapide aux situations de la vie quotidienne.

Le but principal du Système Nerveux Autonome est la survie. Il passe donc son temps à se demander : « suis je en sécurité ? ». Pour répondre à cette question il va utiliser les informations qui lui proviennent de l’extérieur et de l’intérieur du corps. Mais il va aussi utiliser les informations du passé, les conditionnements, les croyances limitantes… En s’ajustant en permanence, il nous protège des menaces de mort. Il essaie également de nous préserver de la souffrance (honte, rejet, abandon, déception).

Sécurité ou alerte : quand notre corps détecte un danger avant que nous n’en ayons conscience

Le SNA a sa propre perception. Il est sensibilisé, façonné et impacté par ce qui arrive dans notre environnement. Il peut détecter une menace ou un danger sans qu’il n’y ait de reconnaissance consciente. En effet, notre corps répond au stress avant même que l’on ne le remarque. C’est ce que l’on appelle la neuroception.

De plus, il est important de savoir qu’un danger perçu n’est pas forcément une réelle menace. Notre système nerveux peut répondre à une menace comme si elle était là. Il ne fait pas la différence entre quelque chose qui est réel et quelque chose qui est vivement imaginé.

Par exemple, mon système nerveux va activer la réponse au stress lorsque j’imagine mon entretien d’embauche du lendemain. Il réagit comme si j’étais menacé en ce moment même. Il peut donc y avoir ce que l’on appelle des fausses alarmes. C’est à dire lorsque notre système nerveux réagit à une menace perçue mais qui n’est pas réelle.

Les différents mécanismes déclenchés par notre Système Nerveau Autonome vont influencer la manière dont nous percevons, interprétons et réagissons aux évènements extérieurs. Selon notre état interne, nous n’allons pas réagir aux défis du quotidien de la même façon. Pour comprendre le fonctionnement du Système Nerveux Autonome regardons de plus près l’éclairage que nous apporte la Théorie PolyVagale de Stephen Porges.

Les 3 grands états du système nerveux selon la théorie polyvagale

Nous avons un système sympathique qui permet d’apporter de l’énergie au corps. Et un système parasympathique qui permet d’apporter de la détente. Ces deux systèmes fonctionnent un peu comme un balancier ; l’activation de l’un inhibe la réponse de l’autre.

C’est le nerf vague qui régule le système parasympathique. C’est un nerf qui part de notre cerveau jusqu’à nos organes, qui passe par notre cou, notre poitrine, notre abdomen. Il connecte notre cerveau au reste de notre corps. Deux chemins principaux ; le vagal ventral et le vagal dorsal; compose le nerf vague.

Le SNA déclenche différentes réponses pour s’adapter au mieux au situations vécues. Nous pouvons observer trois principaux états.

1. L’état de sécurité : comment se reconnecter à soi et aux autres

Lorsque nous nous sentons en sécurité, notre système nerveux autonome se trouve dans un état optimal pour la régénération, la guérison et le bien être. C’est le nerf vague ventral qui régule cet état en activant notre système parasympathique . On se sent connecté à soi même, aux autres, à la nature, à la spiritualité. Nous sommes calmes, détendus, capables de réfléchir avec clarté, avec créativité. C’est dans cet état de sécurité que nous sommes capable de nous engagés socialement, de collaborer, de demander de l’aide… Peu importe ce qui nous arrive, nous savons et ressentons que nous pouvons y faire face. Le fait de ne pas encore forcément savoir comment ne nous insécurise pas.

C’est le seul état où nous pouvons ressentir de l’amour, de la joie, de la gratitude, de la compassion. Dans cet état nous pouvons créer, tout devient possible. Nous pouvons agir de manière réfléchie et faire face aux défis quotidiens de manière adaptée et saine. Ressentir de la sécurité ne veut pas dire que l’on ne ressent plus de stress, plus de sensations et émotions désagréables. Cela veut dire que l’on est en sécurité avec l’inconfort. On est capable de traverser tout ce qui nous arrive et tout ce que l’on ressent, sans chercher à lutter contre ou à fuir. C’est donc lorsque notre système nerveux ressent de la sécurité que nous sommes le mieux à même de faire face au stress.

2. L’état de stress : quand notre corps se prépare à attaquer ou fuir

Le système nerveux sympathique s’active lorsqu’une menace est perçue, que ce soit une situation réelle ou une anxiété intérieure. Ce mécanisme déclenche deux réponses possibles. La réponse de lutte, d’attaque, de combat ou la réponse de fuite. Dans le corps, cela se traduit par l’augmentation du rythme cardiaque, de la respiration et de l’énergie musculaire disponible. Ces modifications ont pour but de faire face ou de fuir le danger. Cette réponse est nécessaire à la survie et est très utile. Mais elle peut devenir problématique lorsqu’elle est activée de manière excessive et chronique. Alors le stress devient constant et nous ressentons de l’insécurité sans « raison ». De plus, si l’on reste bloqué dans cette réponse, à terme cela mène à l’épuisement.

La réponse de combat

Lorsque la réponse sympathique agressive est activée en survie de manière chronique on aura tendance à courir partout. On est tout le temps en mouvement, tout le temps occupé. Il est difficile pour nous ne nous poser et en même temps on n’a l’impression de ne jamais avoir le temps. On a l’impression que pour mériter, pour réussir il faut faire, il faut passer à l’action. Ce que l’on aime c’est les challenges, on a besoin que ce soit difficile. Au niveau des sensations, on va sentir une agitation physique et mentale, du stress, des tensions dans le corps, un rythme cardiaque élevé… Les pensées que l’on a sont plutôt des « il faut », « je n’ai pas le choix », « ce qui ne te tue pas te rend plus fort », « n’abandonne jamais »… On pourra ressentir de la colère, de l’irritation, de la haine, de la frustration, de l’abnégation.

Lorsque la réponse sympathique agressive est associée au vagal ventral donc est activée en sécurité, nous pouvons mobiliser l’énergie dont nous avons besoin pour agir, tout en restant connecté avec soi. Ainsi, on saura à quel moment nous activer mais aussi à quel moment nous reposer. Nous faisons alors les choses de manière enthousiaste, avec plaisir et non pas avec pression, dans une fuite en avant. Nous pouvons ainsi nous montrer efficace et persévérant.

La réponse de fuite

Lorsque la réponse sympathique fuyante est activée en survie de manière chronique, on aura tendance à être un « people pleasing ». On ne sait pas dire non et on fait plaisir aux autres pour éviter le conflit. Pour ne pas être seul, on cherche le lien, le contact avec les gens . On va essayer d’éviter la souffrance. Pour cela on peut avoir tendance à s’évader mentalement, à procrastiner ou à tomber dans des addictions (nourriture, drogue, jeux, sexe, réseaux sociaux…).

On va sentir plutôt une agitation physique et mentale, on va trépigner. Notre énergie est dispersée. Les pensées que l’on a sont plutôt « ce n’est pas de ma faute », « je n’y peux rien », « ce n’est pas grave » (alors que ça l’est), « je le ferai demain ». Nous donnons la responsabilité de nos échecs à l’extérieur (autrui, la société…). On pourra être de mauvaise foi, se sacrifier, ressentir de l’impatience, de la peur, de la panique, de l’anxiété, de l’inquiétude.

Lorsque la réponse sympathique fuyante est associée au vagal ventral donc est activée en sécurité, il nous permet d’optimiser notre pouvoir de créativité. Nous avons accès à notre intuition et pouvons être visionnaire.

3. Figement : quand notre corps se coupe pour nous protéger

Dans les situations où ni la lutte ni la fuite ne sont possibles, lorsque le danger est perçu comme mortel, le système nerveux peut activer une réponse d’immobilité, de figement. C’est le nerf vague dorsal qui régule ce mécanisme. Il se manifeste souvent par une sensation de déconnexion, de détachement émotionnel, de dissociation. Il peut même y avoir une paralysie mentale et physique. C’est un état de choc biologique profond. Pour nous protéger, notre SNA nous éloigne de la connexion, de la conscience et entraîne une fermeture. Le corps s’arrête et se prépare à la possibilité de mourir.

Lorsque la réponse parasympathique dorsale est activée en survie de manière chronique, on aura tendance à nous retrouver déconnecté de nous même et des autres. Nous avons l’impression de ne rien ressentir, d’être engourdi, de ne plus avoir d’énergie, de ne pas avancer.

On peut alors ressentir de la fatigue, de la lourdeur, une perte de sens, d’envie, de la dépression. Notre rythme cardiaque ralentit, notre pression artérielle baisse. Les pensées que l’on a sont plutôt « je n’y arriverai jamais », « c’est trop dur », « ça sera toujours comme ça ». On pourra ressentir des émotions de repli telles que la honte, la culpabilité. Ce qui va nous amener à nous refermer encore plus sur nous. Nous nous retrouvons bloqué, impuissant, sans pouvoir agir, coincé dans une position de victime.

Lorsque la réponse parasympathique dorsale est associée au vagal ventral donc est activée en sécurité, elle nous permet de nous reposer, de récupérer. Nous sommes calme, rassurant, à l’écoute.

Exemple de réaction de combat, de fuite et d’immobilité

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Prenons l’exemple d’un impala et d’un guépard pour illustrer ces états :

Dans la savane, un troupeau d’impala broute tranquillement pendant qu’un guépard tourne autour d’eux, sans être détecté. Le guépard se prépare à attaquer. Ses muscles se tendent, il se glisse derrière les rochers puis en un instant il bondit, se propulsant de 0 à 100 km/h en quelques secondes. Les impalas se précipitent tous ensemble, comme une seule entité, pour s’échapper. Mais un jeune impala se retrouve séparé du troupeau. Il devient la cible du guépard.

Il court pour s’échapper aussi vite qu’il le peut. Toute l’énergie de l’impala est mobilisée pour s’enfuir mais il n’y a aucun moyen pour lui de s’échapper. Le guépard le rattrape. Au moment où il s’élance le cou tendu, prêt à mordre, l’impala tombe au sol, comme mort. Le guépard ne l’a pas attrapé, il n’a pas eu de contact physique. Mais la biologie de l’impala a su que fuir n’était plus une option envisageable. S’il avait continué à courir le guépard l’aurait dévoré. Une fois au sol, il est possible que le guépard ne le tue pas. Et alors dans un moment d’inattention, l’impala peut sortir de son état de choc, d’immobilité et s’échapper pour retourner dans le troupeau.

Hiérarchisation des états du SNA 

Les états du SNA sont hiérarchisés, un peu comme une échelle. On passe de l’état de calme, de relaxation, de sécurité et d’engagement social à un état d’activation de combat ou de fuite à un état d’engourdissement, d’arrêt et de figement. Pour sortir de l’état de figement et retrouver la sécurité nous devons d’abord retrouver l’énergie et l’activation du sympathique.

Il est important de noter que l’état dorsal de figement, malgré les apparences avec les sensations de vide, d’engourdissement, de manque d’énergie et en fait un état de très haute activation de notre système nerveux. Ce n’est pas un état de calme et de relaxation. Enormément d’énergie est nécessaire pour soutenir et maintenir cet état d’arrêt.

Reprenons l’exemple de l’impala. Lorsqu’il tombe comme mort, toute l’énergie mobilisé pour fuir est toujours présente dans le corps, cette énergie n’a pas disparu. Une énergie aussi puissante est nécessaire pour venir contrebalancé cet état d’activation est produire l’arrêt. C’est comme si on appuie en même temps sur l’accélérateur (sympathique) d’une voiture tout en appuyant en même temps sur le frein (parasympathique) afin que la voiture reste immobile.

Conclusion: Le stress chronique, une dérégulation de notre système nerveux

Comme nous l’avons vu, ces 3 états sont très utiles pour notre survie. Chaque état a sa fonction. Nous passons par d’innombrables états chaque jour. Ce qui pose problème c’est lorsque notre SNA se dérégule. En effet, lorsque nous restons bloqués trop longtemps dans un état de survie (sympathique ou dorsal), lorsque nous n’arrivons pas à passer avec souplesse d’un état à un autre et que nous n’arrivons pas à revenir en vagal ventral; c’est à dire à ressentir de la sécurité; cela se répercute sur notre bien-être physique et mental.

Vous avez envie de mieux comprendre ce qui se joue dans votre corps lorsque le stress devient envahissant ?
Je vous propose de continuer avec cet article : Pourquoi suis-je toujours stressé ? Comprendre le stress chronique.

Catégories : Gestion du stress

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