L’attachement qu’est-ce que c’est?

L’attachement est un besoin vital présent tout au long de la vie. En effet, nous autres êtres humains sommes des êtres sociaux. Lorsque nous naissons, nous sommes totalement dépendants des autres et nous nous attachons à quiconque prend principalement soin de nous. Cette personne devient alors notre figure d’attachement principal. Au fur et à mesure de notre vie et de nos expériences, nous construisons des attachements secondaires avec d’autres personnes. Ces attachements peuvent être de différents types. Nous créons ainsi des « modèles d’attachement » selon la manière dont nous nous adaptons à ces expériences et dont elles sont intériorisés.

Il faut savoir que les expériences relationnelles que nous vivons au cours des premières années de notre vie ont un impact considérable sur notre développement et sur la personne que nous allons devenir. En effet, nos modèles d’attachement nous permettent de pouvoir anticiper ce qui va se passer, les émotions que nous allons éprouver, ce que ressentent les autres, apprendre comment se comporter et communiquer avec autrui, comment nous relier aux autres et à nous même… Ils influencent donc notre manière de voir et d’interagir avec le monde.

Nous pouvons avoir plusieurs modèles d’attachement qui peuvent influencer notre comportement selon les situations et le contexte. Ces modèles s’activent automatiquement et inconsciemment selon notre état psycho-émotionnel du moment. Ainsi, certains modèles ne vont s’activer que dans notre relation de couple, alors que d’autres ne vont s’activer que dans le cadre du travail.

Exemples d’activation de modèles d’attachement

Notre mère avait l’habitude de se mettre fortement en colère et de crier lorsque nous ne faisions pas ce qu’elle voulait. En réponse, nous avons appris à rejeter nos émotions, à nous « effacer »  sans tenir compte de nos besoins. Aujourd’hui, il est possible que, sans trop savoir pourquoi, nous nous mettions en retrait dès que quelqu’un commence à élever la voix. De ce fait, si notre collègue nous fait des reproches en criant, nous nous refermons sur nous et sommes incapable d’exprimer notre point de vue. C’est notre modèle d’attachement qui s’est activé et a entrainé notre comportement de repli.

De même, notre père se montrait parfois intrusif. Par moment, il pouvait être submergé par ses peurs et ses angoisses et nous surprotéger. Et par d’autres moments ne pas nous réconforter lorsque nous en avions besoin. Nous cherchions son approbation et son amour et doutions de sa fiabilité. Et nous ne nous sentions pas calme et apaisé intérieurement à ses côtés. De la même façon aujourd’hui, dans notre couple, lorsque notre conjoint ne répond pas à notre appel, nous nous sentons tout de suite angoissé, imaginant que quelque chose ne va pas. Nous n’arrivons plus à nous concentrer sur nos tâches. Nous sommes donc hypersensible au moindre signe potentiel de rejet. Et nous avons besoin d’être rassuré afin de calmer notre angoisse qui est liée à notre système d’attachement.

Ces schémas (déconnexion, recherche d’assurance…) qui sont activé pas nos modèles d’attachement se répètent tant que l’on n’a pas conscience de l’impact de nos expériences relationnelles passées sur notre comportement d’aujourd’hui. La bonne nouvelle c’est que nous pouvons modifier nos anciens modes de fonctionnement et nous libérer des limites fixées par nos modèles. Mais pour cela nous devons déjà les comprendre.

Quel(s) modèle(s) d’attachement font partie de notre monde intérieur ?

Pour connaitre nos différents modèles d’attachement nous devons réfléchir aux relations que l’on a eu au sein de notre famille lorsque l’on était petit. Comment ces expériences ont-elles influencées notre développement, notre vie, nos relations aux autres ? Comment est-on devenu la personne que l’on est aujourd’hui ?

Voici quelques exemples de questions à se poser :

  • Comment était-ce de grandir dans ma famille ? Avais je les mêmes relations avec mon père et ma mère ? Comment est-ce que je m’entendais avec les différents membres de ma famille ? Quelles relations est-ce que j’ai avec eux actuellement ?
  • Comment mes parents m’ont-ils appris à me comporter « correctement » ? Comment étais-je réconforté lorsque j’étais triste, blessé, malade ? Est-ce que je pouvais exprimer mes émotions ? Comment réagissaient mes parents lorsque j’étais envahi par de vives émotions ? Me suis-je déjà senti menacé, rejeté par mes parents ? Est-ce que je me sentais compris ? Protégé ? En sécurité ? Qu’est-ce que j’aimais et n’aimais pas dans la manière dont j’ai été élevé ?
  • Comment mes parents communiquaient-ils ensemble ? Et avec moi ? Comment les conflits étaient-ils gérés ? Pourquoi mes parents réagissaient-ils comme ils le faisaient ?
  • Ai-je été encouragé à explorer le monde ? A avoir mes propres centres d’intérêt ?
  • Ai-je été séparé de mes parents petit ? Ai-je perdu quelqu’un d’important dans ma vie ? Comment est-ce que je l’ai vécu ? Est-ce que cela m’affecte actuellement ? Ai-je vécu des expériences douloureuses ? Si oui, comment ont-elles influençaient et influencent-elle ma vie ?
  • Existe-t-il une autre personne qui a joué le rôle de figure parentale ? Vers qui est-ce que je me tournais et me tourne maintenant pour trouver de la sécurité et du réconfort ?
  • Qu’est-ce que je souhaite dans mes relations futures ? Qu’est-ce que je veux changer en moi pour me libérer et devenir la personne que je veux être ?

Les modèles d’attachement, une adaptation de l’époque de notre enfance

Quel que soit les modèles que nous avons intériorisé, ils correspondent aux meilleures stratégies que nous pouvions mettre en place enfant afin de promouvoir notre sécurité. Ce sont donc les adaptations les plus efficaces que nous avions trouvé à l’époque pour notre survie, pour regagner le contact avec notre figure d’attachement. Mais lorsque nous grandissons et que les circonstances changent, les adaptations mises en place ne sont plus forcément pertinentes. Avec du temps, de la patience et de la compréhension nous pouvons changer nos modèles d’attachement pour aller vers des modèles plus sécurisants. Nous pouvons ainsi ressentir en nous une sécurité intérieure nous permettant de vivre des relations plus chaleureuses et plus profondes ; que ce soit avec nous-même ou avec les autres.

Maintenant, voyons plus en détail les différents types de modèles que l’on peut avoir créé et intériorisé.

Les différents types d’attachement et leurs conséquences

Durant notre enfance, afin de pouvoir satisfaire nos besoins (ou au moins quelques-uns de nos besoins) nous avons mis en place des stratégies afin de nous rapprocher de notre figure d’attachement.

On peut distinguer deux types d’attachement : un attachement sécurisant et un attachement insécurisant.

Le modèle d’attachement sécurisant

Notre attachement est sécurisant lorsque, enfant, nous nous sentons compris, protégé et réconforté de façon constante. Nous sommes à l’abri du danger et nous n’avons pas peur de l’adulte qui s’occupe de nous. Notre parent perçoit notre vie intérieure avec nos besoins et les comble. Il nous prend dans ses bras et nous rassure. Notre figure d’attachement nous aide à soulager notre angoisse et notre souffrance. Son contact est agréable. Malgré les inévitables malentendus, problèmes de communication, indices ratés et mauvaises réponses apportées par notre parent, il est suffisamment bon. Nous avons donc appris que la relation peut être réparée. Nous avons intégré viscéralement la sensation d’être en sécurité avec lui.

Notre parent joue ainsi un double rôle : un rôle de refuge, c’est-à-dire une base de sécurité où l’on peut trouver du réconfort et être rassuré et un rôle de tremplin, c’est-à-dire que l’on peut sereinement nous éloigner et explorer le monde.

Les conséquences actuelles d’un attachement sécurisant

Un attachement sécurisant permet d’intérioriser ce sentiment de sécurité. Ainsi, aujourd’hui, je me sens bien avec moi-même et avec les autres. Je sais que mes besoins vont être comblés, que les gens vont me comprendre. Je comprends ce que les autres ressentent. En remarquant les subtils changements dans la voix, sur les visages je peux ajuster mon comportement en conséquence. Je peux donc nouer des relations mutuellement gratifiantes et satisfaisantes avec les autres et communiquer de manière efficace. J’ai une bonne capacité d’écoute de moi et des autres. Je sais réguler mes émotions, exprimer mes sentiments de manière adaptée. J’ai de l’empathie, de la flexibilité, une bonne estime de moi, confiance en les autres. Je suis résilient face au stress et aux difficultés de la vie.

Le modèle d’attachement insécurisant 

Notre attachement est insécurisant lorsque, enfant, nous ne nous sentons pas toujours compris, protégé et réconforté lorsque nous en avons besoin. Le contact avec notre figure d’attachement ne nous calme pas.

Il existe plusieurs types d’attachement insécurisant. 

Le modèle d’attachement évitant

Enfant, notre parent prend soin de nous matériellement mais il n’est pas là pour nous consoler quand nous en avons besoin. Souvent, notre parent ne nous touche pas, il ne nous porte pas, ne nous câline pas. Nous ne nous sentons pas écouter, ni compris. Notre univers intérieur n’est pas pris en compte par l’adulte. Notre figure d’attachement ne montre pas d’empathie, elle n’arrive pas à ressentir nos émotions d’enfant, à capter nos signaux de détresse. Ainsi, lorsque nous avons besoin d’être réconforter nous évitons notre parent, nos tentatives de rapprochement ayant été découragé. Nous ne pleurons pas et n’exprimons pas notre détresse. Mais même si nous ne nous montrons pas affecté, nous sommes stressés.

L’attachement évitant c’est gérer mais pas ressentir

Les conséquences actuelles d’un attachement évitant 

Je me suis adapté en inhibant mon système d’attachement. J’ai donc appris à minimiser mes besoins de proximité avec les autres. Ainsi aujourd’hui, je me sens déconnecté des personnes proche de moi, mais également de moi-même. J’ai du mal à établir des liens émotionnels profonds avec les autres. J’ai du mal à exprimer mes besoins intérieurs et à percevoir ce que je ressens.

Je refuse de dépendre des autres pour satisfaire mes besoins. Je peux ainsi avoir peur de m’engager à long terme, craignant la vulnérabilité et la dépendance que cela implique . J’ai tendance à éviter les conflits et les confrontations, adoptant des comportements de repli pour éviter les situations inconfortables. Je n’arrive pas à demander de l’aide. Le refus du soutien social  et la suppression de mes émotions peuvent accentuer mes sentiments de solitude et de stress, ce qui peut entrainer de la dépression et de l’anxiété.

Le modèle d’attachement ambivalent 

Enfant, notre parent peut répondre à nos besoins de proximité et de réconfort mais de manière incohérente. Il peut aussi se montrait intrusif. Les sentiments et émotions de notre parent peuvent submerger notre monde intérieur. Ainsi, nous avons pu nous sentir compris, protégé et réconforté mais pas de manière constante, seulement par intermittence. Nous éprouvons de l’incertitude quant à la disponibilité de notre parent. Ne pas le voir nous bouleverse mais son retour ne nous calme pas. Nous pouvons donc exprimer de la contrariété, de la colère ou de la résistance à son contact. Et en même temps exprimer de la dépendance en attirant constamment son attention en pleurant, criant, ou nous cramponnant. Ne sachant pas s’il va répondre ou non à nos besoins, nous ne nous sentons jamais apaisé intérieurement.

Nous n’avons pas de repères, notre figure d’attachement n’étant pas un refuge sûr. Nous sommes sujet à l’angoisse de séparation. Ainsi, nos tentatives d’exploration sont découragé. Nous sommes davantage concentré sur notre figure d’attachement que sur le fait d’aller jouer. Ce type d’attachement entraine une immaturité affective. Nous tentons constamment de garder notre figure d’attachement auprès de nous. Nous avons des difficultés enfant à interagir avec un étranger.

L’attachement ambivalent c’est ressentir mais pas gérer

Les conséquences d’un attachement ambivalent 

Je me suis adapté en hyperactivant mon système d’attachement. J’ai donc appris à être hypersensible au moindre signe potentiel de rejet. Ainsi, aujourd’hui dans ma relation de couple, je suis très dépendant et j’ai constamment besoin d’être rassuré. J’ai peur de l’abandon. Je recherche dans ma vie personnelle et professionnelle du soutien, de la validation et de l’approbation. J’ai du mal à faire confiance aux autres. De plus, mon estime de moi est fortement liée à la manière dont je suis perçu par autrui. J’ai peur de prendre des risques.

J’ai du mal à gérer et communiquer mes émotions. Je peux être rapidement débordé par le stress. J’ai tendance à être anxieux, notamment par rapport à la stabilité de mes relations. Lors des conflits, j’ai tendance à éviter les confrontations directes et je peux utiliser des comportements « passifs agressifs ».

Ces trois types d’attachement (sécurisé, évitant et ambivalent) sont des types d’attachement dits « organisé », c’est-à-dire que l’enfant peut s’adapter pour maintenir la relation. Il met en place des stratégies afin d’obtenir le meilleur soin et la meilleure prise en charge que la figure d’attachement est capable de procurer.

En revanche le dernier type d’attachement insécure lui ne permet pas de mettre en place des stratégies efficaces. C’est un attachement dit « désorganisé ».

Le modèle d’attachement désorganisé 

Notre parent nous parait terrifiant. Il est source de terreur et de détresse. Cela peut être parce qu’il est violent, déprimé, irritable, lui-même terrorisé et en proie à ses propres traumas…Il peut être trop instable émotionnellement pour offrir confort et protection. Ce sentiment de terreur que nous ressentons pour notre figure d’attachement nous place dans une situation insoluble. En effet, notre peur active une réaction de survie (fuite, combat ou figement). Et en même temps, notre besoin d’attachement nous incite à aller vers notre figure d’attachement lorsque l’on est terrifié. Ces deux réactions sont donc incompatibles !

Nous n’avons personne vers qui nous tourner et sommes face à un dilemme. Comment faire pour entrer en relation avec notre parent? Ne trouvant pas de réponse, nous nous trouvons en très grande vulnérabilité. Pour survivre, nous pouvons nous fragmenter et même nous dissocier. Ne pouvant pas tolérer de ressentir ce que nous ressentons ou de savoir ce que nous savons, nous pouvons également être dans le déni.

L’attachement désorganisé c’est être dans la terreur sans solution

Les conséquences de l’attachement désorganisé 

Aujourd’hui, j’ai du mal à réguler mes émotions. Je peux être agressif, impulsif, désengagé, avoir des sautes d’humeur extrême, être dans mon monde… J’ai des difficultés à élaborer une pensée claire. Je peux me sentir irréel, morcelé, avoir le sentiment de me dissoudre et de disparaitre. Je sépare divers aspects de moi-même (les émotions, les souvenirs, les pensées, les actions). J’ai un sens de réalité intérieur affaibli.

J’ai du mal à entretenir des relations avec les autres. Je peux avoir tendance à m’accrocher excessivement mais aussi à être dans l’évitement. Mon modèle d’attachement instable que je reproduis dans mes relations entraine des conflits, des ruptures, des difficultés de confiance.

Je suis très sensible aux changements de voix, d’expressions faciales… que je peux vivre comme des menaces. Je suis toujours en hypervigilance, sur le qui-vive, à essayer de voir qui risque de m’agresser. Mais en même temps,  je peux avoir du mal à savoir si une situation ou une personne est dangereuse. Je suis quelqu’un de stressé et peut avoir des comportements autodestructeurs (dépense excessives, promiscuité sexuelle, abus de substance, conduite dangereuse, frénésie alimentaire, tentative de suicide…) notamment lorsque je me sens anxieux et/ou menacé. J’ai une estime de moi instable et négative, ayant intériorisé des croyances négatives sur moi-même (« je n’ai pas de valeur », « on ne peut pas m’aimer », « je suis mauvaise »..) durant mon enfance.

La transmission de ses modèles d’attachement 

Les modèles d’attachement peuvent se transmettre de générations en générations. Par exemple des parents avec un attachement évitant vont avoir des difficultés à répondre aux besoins émotionnels de leurs enfants. Ainsi, des schémas intergénérationnel vont se créer, entrainant des relations superficielles entre les membres de la famille et avec autrui ; des difficultés pour les enfants à savoir ce qu’ils ressentent et ce dont ils ont besoin…

De même, des parents ayant un attachement désorganisé vont éprouver des difficultés dans leur rôle parental. Leurs propres expériences passées vont influencer leur capacité à fournir un environnement sûr et sécurisé pour leurs enfants, perpétuant ainsi le cycle de l’attachement désorganisé à travers les générations.

Mais heureusement, de nombreuses expériences peuvent changer nos modèles d’attachement. Ainsi, quel que soit notre passé et ses souffrances, nous pouvons offrir à nos enfants un attachement sécurisant. Mais pour cela, nous devons d’abord comprendre comment nos expériences initiales nous ont façonnés. En reliant le passé avec le présent et le futur, nous pouvons renforcer notre intégration, créer une image plus cohérente de nous-même et augmenter notre sécurité intérieure. Ainsi, nous pouvons, avec une prise de conscience, un travail sur soi-même et éventuellement une thérapie, acquérir de nouveaux modèles d’attachement.

Reconnaître ses schémas d’attachement et chercher à les comprendre est donc le premier pas vers des relations plus saines et épanouissantes, que ce soit avec les autres ou avec soi-même. De plus, cela nous permet d’être plus à même de comprendre, protéger et réconforter nos enfants et ainsi de casser les cycles de transmission d’attachement insécure.


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